Comment se déroule une séance ?

Avant toute séance, il y a d’abord  une rencontre dans un lieu neutre (un café, un resto…) ou au téléphone quand l’éloignement géographique rend la chose impossible. Cela permet de faire connaissance, de discuter en détail de la séance à venir, et pour le modèle c’est l’occasion de poser toutes les questions qui pourraient, le jour de la séance venu, créer des blocages si elles n’avaient pas été soulevées avant.

Pour que la liberté soit la plus grande possible, je précise que le modèle a un droit de censure totale sur les images de la séance. Une fois la séance terminée et dans les 24h, je transmets l’ensemble des images au modèle. Je lui demande à cette occasion s’il y a des images qu’elle souhaite voir totalement détruites. Ensuite, chacun de notre côté, nous effectuons un choix sur les images qui nous paraissent les meilleures, les plus intéressantes pour le modèle ou pour ma démarche. Je retravaille toutes les images sélectionnées et c’est sur celles-ci et uniquement sur celles-ci que je demande un droit d’utilisation, dans le cadre de mon portfolio papier et internet, ainsi que pour le livre et l’exposition prévue en fin de parcours. Grâce à ce cadre, toutes les images peuvent être faites, osées durant la séance : il n’y a aucun risque !

Lorsque cela est possible, la séance a lieu chez la personne que je photographie. Car c’est souvent l’endroit où la personne est la plus à l’aise. Et aussi car le cadre de vie forme un décor qui correspond à la personne. Si cela s’avère impossible, elle peut se dérouler dans un lieu neutre : une chambre d’hôtel par exemple… Je ne fais aucune séance en studio, car le reportage intimiste que je réalise n’est pas compatible avec un environnement froid et sans âme.

Pour la séance en elle-même, j’essaye avant tout de créer un espace de confiance et de liberté. La confiance pour permettre au modèle d’être elle-même, sans jugement, sans crainte et la liberté pour pouvoir s’exprimer pleinement, totalement, entièrement. Les séances ne sont pas directives. Elles sont faites de beaucoup de discussion, de questionnement, c’est avant tout une rencontre humaine. La personne peut laisser libre court à toutes ses envies, ses fantasmes, même les plus inavouables ou refoulés…

Cela dit, une phase d’adaptation est le plus souvent nécessaire pour que la personne photographiée s’habitue à ma présence, à celle de l’appareil photo pointé sur elle…

La nudité, si elle est présente, est décidée par le modèle, tout comme le moment où elle se dénude. Il est assez rare de commencer une séance nue. Par contre elle peut être habillée du début à la fin, tant que le désir est manifesté bien sûr !

J’essaye de m’adapter, dans mon positionnement vis-à-vis du modèle, à son mode de fonctionnement. Je peux être le moins présent possible, la laissant vivre ce moment « dans sa bulle », avec moi comme seul témoin silencieux. Je peux tout aussi bien être plus en interaction, pour mettre à l’aise la personne, l’aider à se libérer du regard de l’autre pour pouvoir se livrer réellement. Cet aspect est souvent discuté lors de notre première rencontre.

C’est dans ce même esprit de liberté que je laisse le modèle décider de la fin de la séance. Celles-ci ont donc des durées variables qui ont été de 20 minutes à 5 ou 6 heures. Il n’y a pas de règle préétablie.

La qualité de la séance dépend avant tout de la confiance et de la liberté ressenties par le modèle. C’est pour cela qu’il est important de se donner un temps à soi-même : il doit être suffisant, rassurant, sans contrainte matérielle. C’est dans le même esprit que lorsqu’on me demande si on peut venir accompagné à la séance, je réponds toujours : « oui, mais la personne participe ». Il est en effet impossible de lâcher prise sous le regard d’un proche.